Brel Etincel, l'originalité

L'histoire de cet essai

Ma grand-mère Léontine était très fière de son petit frère. Il s’appelait Romain et était le père de Jacques Brel. Bien avant la naissance du chanteur, Romain s’est lancé dans une première étape professionnelle courante à l’époque pour des jeunes belges des années 1900 : rejoindre le Congo par bateau en dix-huit jours et s’y lancer dans les grands espaces largement inexplorés. Romain envoyait régulièrement des photos de ses péripéties à sa grande sœur et - bien des années plus tard - j’ai eu dans les yeux l’album qui parlait du Congo d’alors… Né au retour de son père en Belgique après dix-sept années de Congo, l’imaginaire de Jacques petit garçon s’est nourri à haute dose des récits et des photos de son père.

Il y avait aussi chez bonne-maman un obus désarmé de la Première Guerre mondiale. Cet objet insolite assez lourd de 25 centimètres de haut était rangé dans un coin du salon. Un emblème pour dire : «plus jamais la guerre» qui avait dévasté les villages flamands du Westhoek, berceau des Brel. … Et pourtant cette génération-là - à l’âge adulte - a dû affronter la Seconde Guerre mondiale!                                                                                         Ces messages-là, Jacques les a aussi ingérés dans son enfance et il les a contrecarrés par l’hymne «Quand on n’a que l’amour», cet immense succès, qui a projeté sa carrière à l’international. 

Le poète l’a souvent répété : l’enfance est le terreau d’accomplissements à venir. Ses vies successives illustrent qu’il a vécu les deux pieds sur terre et a réalisé progressivement de nombreux rêves. D’élève rebelle mais apprécié et ensuite d’employé commercial dépité il devient chanteur - aux débuts laborieux -, puis vedette, compagnon de fêtes, acteur, pilote, comédien, cinéaste, navigateur, habitant des Iles et finalement humble défunt à Hiva Oa aux Marquises.

Vu ma parenté, j’ai naturellement suivi l’écriture de chaque nouvelle chanson et les grandes étapes de sa vie. Il y a quelques années déjà, je raconte à Jacques Borlée le contexte Brel et mon intention d’explorer dix chansons qui révèlent son désir de S’entreprendre. Il s’est tout de suite écrié «Moi aussi j’ai un vécu congolais. Je suis né à Kisangani où mon père a été le dernier gouverneur belge de la province du Kivu. Mais surtout, depuis mon adolescence, j’ai une immense dette de reconnaissance envers Brel car ses appels répétés à réaliser ses rêves sont un fil conducteur de mon parcours. En outre le Brel, orfèvre du langage, est un inspirateur inépuisable pour le coach sportif international que je suis devenu car c’est le «mental» qui fait la différence». «Je veux être co-auteur!».

... Et c’est ainsi que cet essai est écrit à quatre mains : il allie authenticité, vraisemblance, symbolique, sens cachés et excellence. Parmi d’autres, il met en lumière quelques facettes du personnage et il tend la main à celles et ceux qui aiment capter l’extraordinaire puissance des mots justes.

                                                                                                 Jean & Jacques